La France est le troisième pays d’accueil des étudiants étrangers, juste après les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Durant l’année universitaire 2015-2016, elle en a accueilli 309 000 (dont un bon tiers en Île-de-France), les plus nombreux venaient du Maroc et de Chine. A la veille de l’élection présidentielle, rencontre avec des étudiants étrangers des universités Paris 8 et Paris 13 pour connaître leur avis sur les candidats.

Sur le campus des universités Paris 8 et Paris 13, nombreux sont les étudiants étrangers qui suivent de près l’actualité politique de leur pays d’accueil. L’élection présidentielle laisse cependant sceptiques les étudiants interviewés à la Résidence Kahlo de Bobigny, à une semaine du premier tour. Ils appréhendent notamment l’abstention de nombreux Français face aux scandales révélés dans les médias. S’ils pouvaient voter, ces étudiants voteraient majoritairement pour Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron.

« Regardez ce qui s’est passé aux Etats-Unis ! Je crois sincèrement que Mélenchon peut devenir le président de la République Française, c’est un homme qui a un franc-parler, il est vrai, humaniste et prône avant tout la paix. Il met l’humain au centre de ses préoccupations. C’est un tel président que les Français devraient élire, explique Hawa, d’origine guinéenne, étudiante en langue étrangère parcours espagnol. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi la majorité des Français n’accroche pas à ses discours. C’est assez dommage ! ». Beaucoup étudiants étrangers sont du même avis. Le oui l’emporte en faveur de Jean-Luc Mélenchon, même s’il ne semble pas faire partie des vainqueurs annoncés pour le second tour

Moussa, étudiant en droit d’origine malienne, argumente en se référant au programme :

« Mélenchon est l’un des candidats à soulever clairement le problème de Françafrique. Il veut en finir avec ce système, ce qui me réjouit énormément, car il était temps. Vive Mélenchon ! Et l’Afrique libérée ! ».

Nour, étudiante en histoire-géographie d’origine marocaine, déclare : « Si j’étais française, je voterais pour un candidat qui propose des solutions positives comme Mélenchon. Malgré les crises économiques qui sévissent dans le monde, il est conscient de cette réalité et veut augmenter le revenu moyen de son peuple, c’est sympa de sa part ! » Certains étudiants étrangers mettent ainsi en avant son humanisme car il propose une augmentation immédiate du smic net mensuel de 16% pour le porter à 1326 euros pour 35 heures. Il veut également arrêter les guerres par une diplomatie active et indépendante au service de la paix.

En seconde position, arrive le nom d’Emmanuel Macron. Certains évoquent son charisme, sa détermination, sa maturité. D’autres, comme Laura Salgado, étudiante en faculté de médecine d’origine mexicaine, s’en tiennent au pronostic des médias : « Les médias ont déjà choisi le futur président de la République et il s’appelle Macron. La preuve, à la télévision, on entend le nom de certains candidats plus que d’autres. Ce n’est pas un hasard ».

Salim, étudiant en sciences politiques, connait le programme de Macron par cœur, comme une récitation : « A l’heure actuelle, Emmanuel Macron est le candidat idéal pour la France. C’est l’un des candidats les plus crédibles. Il est le seul à ne pas vivre dans l’utopie et dans le mensonge… Il a décidé de s’engager sur six points fondamentaux qui sont : la réforme de l’école, la « société du travail », la modernisation de l’économie, la sécurité, la stratégie internationale et la moralisation de la vie publique. Pour moi, ce sont les piliers de toute démocratie qui se respecte ».

Qu’ils soutiennent Mélenchon ou Macron, la quasi totalité des personnes interviewées appréhendent déjà la victoire au premier tour de la présidente du Front national, Marine Le Pen, décrite par certains comme inhumaine, cruelle, raciste, non ouverte au brassage culturel. Et, même s’ils ne partagent pas ses idéaux, beaucoup admire sa personnalité, son caractère de « louve » et sa franchise. Contrairement à beaucoup de personnalités politiques, elle assume pleinement ses propos. Selon eux, si jamais elle devient présidente de la République Française, elle durcira toutes les démarches et lois actuelles pour les étudiants étrangers et expulsera énormément d’étudiants en situation irrégulière sur le territoire.

Et s’ils devaient lancer un message au futur président, que diraient les étudiants étrangers ? Ils espèrent tous que le nouveau président de la république durant son mandat politique adoptera des lois plus souples en faveur des étudiants étrangers, qu’il simplifiera les démarches administratives, en créant des guichets étudiants dans toutes les préfectures et qu’il garantira un accès plus facile et prioritaire aux logements étudiants, car beaucoup d’entre eux rencontrent d’énormes difficultés pour se loger.

« Je serai prochainement diplômée et je suis fière de mon parcours. J’ai hâte de rentrer chez moi au Burkina Faso, le pays des hommes intègres. Personnellement, je n’ai pas rencontré de grandes difficultés en France. Mais je suis une exception, souligne Karidiatou, étudiante en informatique d’origine burkinabé. Les étudiants étrangers souffrent beaucoup, surtout en région parisienne, pour avoir un logement. C’est un véritable combat. J’ai plusieurs fois aidé des camarades dans le besoin. Je connais des personnes ayant dormi dans la rue, faute de logement, et qui ont fini par abandonner leurs études. Je pense que nous devrions être prioritaires car nous venons de très loin. Les politiques savent ce que nous endurons mais ne font rien ». Les étudiants étrangers qui ne peuvent pas voter seront-ils entendus ?

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