Le mouvement de protestation contre la réforme des retraites a été particulièrement suivi par les jeunes, notamment les lycéens, durement réprimés par les forces de l’ordre. Sophie, une Montpelliéraine de 16 ans, en a fait les frais. Témoignage.

En  novembre 2010, quatre lycéens et un étudiant ont été interpellés par la police à Montpellier  alors qu’ils participaient à une distribution de tracts à un carrefour routier. Conduits au commissariat, placés en garde à vue de 12 h à 19 h, avec prise d’empreintes et photos sur ardoise, ils ont ensuite reçu une convocation pour un rappel à la loi.

Appelés à comparaître devant le Tribunal de grande instance de Montpellier le 15 décembre, cette rencontre avec le magistrat a été annulée en raison du mouvement de grève des avocats et reportée au 26 janvier. Les jeunes peuvent se voir infliger jusqu’à 4 500 euros d’amende pour « entrave à la circulation ».

L’une des accusées, Sophie, 16 ans, élève au lycée Georges Clemenceau, revient sur le motif de son arrestation et se défend d’avoir bloqué le carrefour : « On avait ralenti un peu la circulation, mais on tractait. On ne pouvait pas faire autrement. On ne s’est pas mis au milieu en bloquant tout. Quand les voitures avaient les tracts, on les laissait passer… »

« Tout à coup, on entend des sirènes, donc on se met tous sur le trottoir », raconte-t-elle encore. Sophie et ses camarades se retrouvent embarqués, direction le commissariat central. « On nous a injuriés. On a ensuite été mis en cellule, où il faisait très froid, sombre, et où se dégageait une forte odeur d’urine ». S’ensuit une longue attente. Embarqués à midi, et bien que mineurs, la police n’aurait prévenu les parents qu’à 17 h.

Après cette arrestation, Sophie se dit « choquée et dégoûtée par la police ».  Elle qui a toujours été militante reconnaît que dorénavant, lors d’une manifestation, elle « changera de trottoir à la moindre présence policière ». Elle déplore que « l’affaire n’ait pas dépassé les frontières du Languedoc », regrettant ainsi le faible écho de ces événements dans la presse.

Mais Sophie se veut sereine. « Je n’ai rien à me reprocher », explique-t elle. Le 26 janvier prochain, elle pourra encore compter sur un soutien important de ses proches. Lors de l’audience reportée, le 15 décembre, quelque 150 personnes, parents d’élèves, amis ou syndicalistes, sont venues soutenir ces jeunes.

Sofien Murat

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