Un tiers de la population mondiale n’a pas d’accès à l’eau potable. Dressant un constat affligeant sur le désinvestissement des États, des citoyens trouvent des solutions démocratiques et juridiques pour faire reculer les multinationales qui traitent l’eau comme une marchandise. Eau planète et peuples, un collectif qui regroupe plusieurs associations altermondialistes françaises a organisé un débat lors d’un atelier au Forum Social Mondial 2015.

Par Haya Diakité

« 2,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable », rappelle Eva Carazo duFreshwater Action Network Central America (FANCA). Parmi eux, « 80% sont pauvres ». L’application de la politique internationale d’accès à l’eau est donc loin d’être suffisante pour les états qui ont ratifié le PIDESC –Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels – en 1966.

Ce pacte impose aux gouvernements, la mise en œuvre de dispositifs pour garantir notamment le droit à l’eau.« Il faudrait créer un fond spécial pour financer les projets », précise une jeune femme lors de l’atelier au FSM. Mais l’accès à l’or bleu ne suffit pas car l’assainissement est essentiel. En effet selon l’ONU, chaque année 1, 8 millions d’enfants meurent de maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau.

En 2010 l’ONU a d’ailleurs décrété le droit à l’eau comme un droit de l’Homme. Un renforcement qui permet notamment aux populations de saisir les tribunaux pour forcer les États à respecter la loi et les contraindre à développer des politiques publiques liées à l’eau. « Parfois les États et les multinationales préfèrent payer les amendes plutôt que changer leur méthode », condamne un altermondialiste québécois.

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L’eau comme monnaie d’échange

En négociant des contrats sur le monopole de l’approvisionnement et la distribution de l’eau, les entreprises privées s’immiscent ainsi dans ce processus public, et par cette occasion les gouvernements se débarrassent d’une dépense lourde en investissement.

Dernier maillon de la chaîne, les populations paient le prix fort. Avec des tarifs parfois exorbitants, comme au Costa Rica par exemple, les habitants n’ont aucune garantie d’acheminement correct de l’eau et subissent de nombreuses coupures d’eau. Pour une Tunisienne qui assiste au débat « le droit à l’eau ne doit pas être une valeur marchande, elle n’est pas non plus comme le droit à l’éducation et à la culture, elle est plus importante encore».

La résistance civile s’organise

Le Burkina Faso est un cas d’école. Le collectif d’ONG SPONG permet à la société civile burkinabé de « jouir de ses droits car si les citoyens burkinabés ont pu mettre fin à 27 années d’un régime politique, ils peuvent aujourd’hui prendre place dans les décisions liées à l’eau », explique son président, Célestin Pouya.

En effet, la population participe de manière statutaire aux mesures. Elle identifie ses besoins, comme par exemple où et quand construire des forages, etc. Elle propose également un rapport alternatif sur la gestion et le suivi des infrastructures.

« Arrêter d’offrir des moutons à l’État à chaque inauguration de forages, c’est un début conscientisation», ironise Célestin Pouya.

Crédits photo de une : Jean-Pierre Dalbéra (Wikimedia Commons)

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