TÉMOIGNAGE. L’hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire qui peut facilement mener à l’obésité. Bien que l’écrasante majorité des personnes atteintes de ce troubles soient des femmes, certains hommes en sont également victimes. Gabriel nous explique ici les difficultés de sa maladie.

Du haut de son un mètre quatre-vingt pour cent kilogrammes, Gabriel nous propose gentiment plusieurs sucreries. Parmi celles-ci, de délicieuses madeleines au chocolat accompagnées de thé. A première vue, ce jeune technicien de trente ans de la région parisienne se sent bien dans ses baskets Nike et son jean Levi’s. Il a l’air de prendre soin de lui, sent bon le parfum L’Homme d’Yves Saint Laurent derrière sa moustache et sa barbe bien taillées qui encerclent son joli sourire. Gabriel a tout l’air d’un homme épanoui.

Pourtant, cette personne est malheureuse. « C’est fou, ça me prend comme ça, il faut que je mange, n’importe quoi. J’ai une fringale ». Chocolats, pain, riz, viande, glaces, chips, gâteaux, boissons sucrées, fruits… Tout y passe. Ce mélange d’aliments ne lui semble pas cohérent, mais c’est plus fort que lui. « C’est comme si ça me rassurait ». « Je suis drogué au sucre, je pense que ça contrôle mon cerveau, mais pas seulement, car j’aime manger en général.» Gabriel est atteint d’hyperphagie, ce qui signifie qu’il lui arrive de manger une quantité considérable de nourriture en peu de temps.

« Il n’a pas de règle d’alimentation », estime son épouse. « Quand il vient chez moi, il se sert à volonté, mais ça ne me dérange pas », affirme sa mère. « Il ne fait pas attention », pense son père. « Il ne savoure pas ce qu’il mange, il mange juste pour manger. Il n’y a aucun plaisir là-dedans », considère son frère. « Notre père nous laissait manger comme on voulait lorsqu’on était petit, poursuit-il. C’est excessif. Par exemple, je me souviens lui avoir offert une boîte de chocolats Jeff de Bruges, qui coûte un peu plus cher et il en mangeait plusieurs à la suite. C’est comme s’il mangeait autre chose, il ne dégustait pas. » Si plusieurs proches semblent avoir remarqué son goût prononcé pour la nourriture, rares sont les tentatives de compréhension.

« Je me fais plaisir, je mange autant que je veux, quitte à dépenser trois cents euros là-dedans alors qu’on vit à deux ». Gabriel sait que cela n’est pas forcément bon pour sa santé. «Mais je fais quand même attention, pour mon poids. Par exemple, je jeûne parfois, en mangeant qu’une fois le matin ou une fois le soir. Ou je ne mange qu’une banane dans la journée en buvant de l’eau. Mais souvent je craque. Je me sens très faible », confie-t-il.

« C’est plus du réconfort, la nourriture. J’ai des membres de ma famille qui sont aussi comme ça. Mais certains sont sortis de ce truc-là. Je pense que c’est dû à plein de choses, à un manque de règles dès l’enfance mais aussi à des problèmes qui restent et qui nous poussent à nous réfugier dans la bouffe », témoigne Gabriel qui considère que ce comportement est avant tout psychologique. « Je peux manger tout le temps, je n’ai pas l’impression que j’ingurgite autant de choses par faim, c’est plus parce que je veux manger. J’ai pris du poids durant cette dernière décennie, j’aimerais bien maigrir et je m’entraîne à la salle parfois. J’essaye de trouver une alimentation équilibrée, mais c’est toujours difficile de changer ses habitudes. Je n’aime pas le gaspillage, cette société d’abondance, mais je me sens comme piégé dedans. »

L’obésité : un problème de santé publique.

Un Français sur deux serait en surpoids et environ 15.5 % des Français seraient obèses, selon les résultats d’un programme de recherche publiés en octobre 2016, piloté par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et la Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS).

Selon une étude parue en avril 2016 dans The Lancet, revue médicale britannique, 13 % de la population adulte mondiale serait obèse. L’association Santé Environnement France insiste sur le fait que l’obésité a des conséquences sur la santé physique et mentale. Elle favorise les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’apnée du sommeil, les problèmes d’articulation et certains cancers. Les personnes obèses peuvent également subir une discrimination à l’emploi. Cela peut favoriser la dépression, pouvant renforcer certains troubles du comportement alimentaire.

Sources :

L’obésité en France : http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/10/25/un-francais-sur-deux-est-en-surpoids_5019615_3244.html

L’obésité dans le monde : http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/04/01/13-de-la-population-adulte-mondiale-est-obese-20-pourrait-bientot-l-etre_4893671_1651302.html

Conséquences de l’obésité : http://www.asef-asso.fr/mon-alimentation/nos-syntheses/1789-obesite-quelles-consequences-sur-la-sante

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