EURO 2016. Au pied de la tour Eiffel, les supporteurs sont autant conviés à regarder les matchs qu’à dépenser leur argent. Le jeu aurait-il vendu son âme au business foot ? Reportage.

Par Samia BENZAÏD.   

« On veut vivre l’Euro à défaut de le regarder », affirme Arthur, un jeune supporteur de 20 ans, une bière à la main. Le cœur de l’Euro n’est plus forcément dans les stades. Pour une ambiance festive et décontractée l’Euro a tout prévu : que demande le peuple !

La fan zone, située sur le champ de Mars à Paris, est une façon convivial de suivre les matchs de l’Euro. Arthur et Sylvain, satisfaits et joviaux, sont venus spécialement de l’Essonne, ce dimanche 19 juin 2016 pour assister au match France-Suisse et retrouver des amis. Encore faut-il ne pas se perdre lorsque l’on vient en groupe, avec une capacité d’accueil de 80 000 personnes. Ce soir-là, « c’est bondé de monde et c’est comme ça seulement lorsque la France joue », raconte un pizzaiolo en plein rush. Pour ceux qui n’ont pas les moyens, l’accès gratuit, est une alternative permettant d’accéder à une atmosphère similaire à celle du Stade de France.

Même la tour Eiffel s’est apprêtée pour l’occasion, avec un ballon géant accroché entre le premier et le deuxième étage ! La dame de fer s’illumine aussi des couleurs nationales de chaque pays participants l’Euro. Ce qui fait son petit effet, surtout dans le regard des touristes. Pendant le match, elle n’est pourtant pas le centre d’intérêt et plus on avance vers l’écran principal, plus la densité de personnes est à son maximum.

Avec cette manie d’avoir les yeux rivés vers l’écran, les différents supporteurs donnent l’impression de faire partie d’une secte obnubilée par une sorte de gourou du football, que sont ces écrans.

75è minute, le tir puissant sur la transversale de l’attaquant français Dimitri Payet a suscité une réaction immédiate, vive et collective. La déception s’en ressent ! Un groupe de supporters irlandais cri, chante, scande son soutient à la France. « La fan zone, c’est magique », s’extasient-ils tous en folie. Une bande de jeunes venant de Creil, dans l’Oise, semble être du même avis et n’a pas hésité à faire le déplacement. Mais Rachid se distingue en formulant d’autres motivations, « Le foot c’est bien, les meufs c’est mieux ». Et s’il trouve chaussure à son pied, il pourra toujours l’emmener dans la zone de restauration.

Du supporteur au consomateur

Les organisateurs ont pensé à tout. Surtout à comment profiter de cette opportunité pour penser rentabilité. Du foot au business, il n’y a qu’un pas. Des supporters à la consommation, il y a le marketing. Un McDonald’s a envahi les lieux et s’installe provisoirement sur cette espace dédié, initialement, aux les supporters. Deux étudiantes, Clémence et Héloise, 25 ans, tournent le dos aux écrans et ne semblent pas intéréssées par les rebondissements du match. Elles rigolent, papotent et mangent. « Nous sommes venues pour le Mcdo, et puisque la France jouait, on s’est dit que c’était l’occasion de profiter de la fan zone ».

Des maillots, de la nourriture, des boissons… tout a été imaginé pour donner vie à ce lieu transformée en véritable village de la consommation. Coca Cola a un tel monopole que le choix reste presqu’une illusion. « Je n’aime pas les boissons gazeuses, évite les boissons trop sucrées et ne paierai jamais une somme astronomique pour de l’eau », ronchonne un jeune supporter en voyant qu’une bouteille d’eau de 33cl coûte 4 Euros. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à regarder la suite du match.

Monsieur Maya venu accompagné de sa famille, n’a pas songé une seconde à mettre la main au porte-feuille. «  Le but de mon déplacement n’est pas de me faire déplumer, mais de me détendre en famille et passer un moment sympa en soutenant l’équipe de France ». Il faut croire que quelle que soit l’équipe championne de cet Euro 2016, les grands gagnants sont bien les multinationales, profitant de l’événement pour s’en mettre plein les poches.

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