VIDÉO – REPORTAGE. Début juillet, une centaine de personne s’est rassemblée à Montreuil pour dénoncer un abus sexuel commis sur un enfant de 4 ans. Face à une enquête expéditive, diverses zones d’ombres non résolues et une forme d’indifférence des autorités, les parents ont reçu le soutien de nombreux citoyens.


Soupçons de Pédophilie à Montreuil par reportercitoyen

Reportage vidéo : Samia BENZAÏD, N’deye SAMB, Zakaria SY et Moussa WAGUE.

Article par Abdel HAMED & Samia BENZAÏD.

C’est devant l’école maternelle de Jules Ferry, située à Montreuil dans le 93, qu’un groupe d’une centaine de personnes s’est rassemblé lundi 4 juillet afin de révéler au grand jour une confession embarrassante. « Le soir en partant au travail, ma femme m’appelle en pleurant : rentre vite, s’il te plaît ne t’énerve pas. Cais a été abusé, l’enfant a parlé ! », témoigne avec colère au microle père de l’enfant. Devant une foule attentive sous le choc, l’homme dénonce un système sans cohérence.

Le ton est donné et pourtant la marche n’a pas encore débuté. Mais que s’est-il passé ? D’après le petit garçon, âgé d’à peine 4 ans, on lui aurait introduit des jouets dans les fesses. C’est dans la semaine du 15 au 21 juin, qu’il aurait commencé à se plaindre, il avait du mal à s’asseoir, à marcher et surtout avait changé de comportement, nous raconte Tatiana, sa mère.

Examiné à l’hôpital Robert Debré puis Trousseau à Paris, les parents ont porté plainte le 22 juin. Le temps passe, les procédures se succèdent, à l’instar des rendez-vous médicaux et pourtant rien n’avance. Pire, un communiqué de presse rédigé en express en ce début de soirée, par l’attachée de presse du maire de Montreuil [ fait l’effet d’une bombe. « Aucune infraction pénale sur la suspicion de faits graves selon le procureur », souligne le communiqué après un peu plus d’une semaine d’enquête seulement. De quoi impatienter les parents, d’autant que le maire Patrice Bessac ne semble pas vouloir les recevoir, en tout cas, pas accompagné de porte-parole.

IMG_0660« Aucun pédiatre n’a le droit de dire qu’un enfant a été abusé sexuellement, ils peuvent juste constater la déchirure annale, pour autant l’un ne va pas sans l’autre », ajoute la jeune mère de 25 ans. Toutefois ce n’est pas l’avis des médecins que nous avons interrogés à l’hôpital Bicêtre [CHU du Kremlin Bicêtre] qui réfutent totalement cette incapacité. L’un d’eux avoue que « malheureusement, ce tabou ne permet pas à tous les médecins d’être à l’aise avec ce sujet».

Envahi par l’incompréhension de n’être ni entendus ni soutenus, les parents ont le sentiment de ne pouvoir compter ni sur la justice, ni sur les médias ! Bien que l’Express, Libération ou encore Le Parisien aient relaté l’affaire. Désabusés, les parents ont pris l’initiative de se servir des réseaux sociaux à travers la diffusion de plusieurs vidéos, afin de faire connaître leur histoire. C’est ainsi qu’un élan de solidarité s’est formé autour de la famille Miekountima.

Maman de deux enfants scolarisés dans le 12ème arrondissement, Touré Binta s’est déplacée au rassemblement à Montreuil : « Je naviguais sur Facebook et j’ai eu vent de cette histoire. Ne comprenant ni le comment ni le pourquoi il n’y a pas eu de suivi de l’affaire j’ai voulu me déplacer pour comprendre par moi-même ».

Vers 15h30, la marche au départ de l’école donne naissance à un torrent de slogans percutants, dénonçant l’histoire sordide : « Pas d’abus sexuel sur nos enfants », « fermez Jules Ferry ». Un cas de pédophilie ? De violence sexuelle ? D’abus sur mineur ? Il est encore trop tôt pour connaître l’exactitude des faits qui ont touché ce petit garçon. Une chose est sûre, la détermination des parents ne fera pas taire sa recherche de la vérité, malgré des institutions non réceptives à leur douleur.

« Pourquoi étouffer un tel scandale ? », s’interroge une militante ahurie. Une fois arrivée devant la mairie, la foule crie avec rage et scande avec rythme « Patrice Bessac, démission !». Face à l’édifice républicain, fermé exceptionnellement, une belle brochette de policiers, plantés comme des piquets, affirment « être présents pour maintenir la sécurité ». Munis de caméras sur leur uniforme, alignés de sorte à faire barrage aux manifestants, ils restent de marbre face à une ambiance en pleine ébullition.

IMG_0612L’entrée de la mairie n’est plus accessible, les dirigeants plus approchables, le dialogue paraît stérile. Le petit Cais sera-t-il oublié ? « Le but de notre venue est d’avoir une confrontation avec les membres haut placés de la mairie », explique Mwazulu Diyabanza, représentant de l’association UDC (unité, dignité, courage). La question se pose : pourquoi ne viennent-ils pas à la rencontre de la famille et ses représentants ? Si la mairie ne souhaite s’entretenir qu’avec les parents, « cette option n’est pas envisageable », défend un proche de la famille.

« Le combat continue ! », s’exclame une personne dans la foule, avec le poing levé. Selon Aissatou, 27 ans,  « le maire ne veut pas mouiller sa ville pour ne pas détruire sa réputation ! ». Certains sont venus de loin pour voir de plus près ce qu’il se trame. Un collectif venant du Havre, « Wanted pédo » a fait le déplacement spécialement pour la marche. Habitué à traiter ce genre d’affaire, il était impensable de ne pas envoyer un de leurs représentants. Membre de ce groupe, Tshad, 31 ans, dénonce le fait que  « non seulement des réseaux pédophiles existent, mais en plus de cela, sont protégés par le système politique et juridique ». Pourquoi ? « Le réseau pédophile c’est le jouet des riches, on n’y touche pas », soutient-il.  Une personne âgée passant sur la place pour rentrer chez elle, comme à son habitude, s’arrête par curiosité et réagit aux propos de cet homme engagé : « Comment peut-on être excité à la vue d’un enfant ? », lâche-elle en s’enfuyant au pas de course.

Cette marche n’aura pas permis d’avoir de confrontation, encore moins de réponse. Pourtant de nombreuses pistes laissent penser que l’intégrité de leur fils a été violée. A commencer par les preuves écrites et visuels d’un anus déchiré, alors pourquoi l’affaire a-t-elle été aussi vite classée sans suite ?

Ayant pris contact avec un des employés de la mairie pour en savoir plus sur cette réaction incompréhensive, aucun retour de leur part n’a été fait. Il semblerait qu’une réunion ait été organisée afin de prévenir les employés sur la non-communication de cette affaire, selon une source qui souhaite rester anonyme. Ce silence autour de cette histoire pousse les parents à garder le cap : « Je veux que mon fils sache que je ne l’ai pas abandonné dans ce moment si tragique. », déclare la mère.

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