Constitution, France Afrique, Vote Blanc, LGBT, Radio Debout, TV Debout… les commissions citoyennes sont nombreuses à Nuit debout. Depuis le 31 mars, la place de la République à Paris s’est transformée en laboratoire démocratique.

Reportage : Anaïs Ollivers Descharnes

Sur le sol les messages s’agglutinent « Nos rêves ne rentrent pas dans vos urnes  », «  On ne rentre pas chez nous ce soir  », «  Maintenant que nous sommes ensemble ça va mieux  ». Depuis le 31 mars 2016, le rassemblement citoyen Nuit debout s’est emparé de la place de la République. L’objectif ? Réinvestir l’espace public pour débattre entre citoyens et construire un nouveau monde ensemble. Tout les soirs des milliers de personnes de tous horizons se rejoignent à 18 heures dans une ambiance festive pour assister à l’Assemblée populaire gérée par un modérateur neutre de la Commission Démocratie et Modération présente dès 16 heures pour organiser le rendez-vous.

La place s’est dotée d’un forum où l’on retrouve une multitude de stands : un accueil, une cantine, une infirmerie, un point logistique activement à la recherche de bâches ou de cordes.  Au cours de la soirée, les commissions s’organisent petit à petit : on y trouve entre autre des commissions LGBT, Constitution, France Afrique, Vote Blanc, une Radio Debout, une TV Debout et des Dessins Debout.

Des migrants délogés

Du côté de l’AG, les débats sont animés. Un jeune homme de la commission Action s’empare du micro et annonce que « les flics sont en train de déloger des migrants. On a besoin d’aide à Stalingrad, il faut y aller maintenant, il faut qu’on soit nombreux ! ». Il quitte la tribune, suivi d’environ 300 manifestants pour rejoindre Stalingrad à pied. Sur le chemin, une jeune femme d’une trentaine d’année qui souhaite garder l’anonymat explique que si elle vient à République tous les soirs c’est pour obtenir des informations sur les actions du mouvement Nuit debout. C’est aussi le cas de Nabil, un algérien de 28 ans. S’il vient sur la place c’est pour soutenir les réfugiés, c’est d’ailleurs pour cela qu’il se presse pour rejoindre Stalingrad.

De retour à République, Alix, une étudiante de 25 ans, nous explique que le mouvement Nuit debout est « contre la loi El Khomri, mais pas seulement. Il y a un ras le bol des gens. On est là pour protester contre un système qui ne nous convient plus  ». Pour sa part, c’est la commission LGBT qui attire son attention car elle vient d’entamer sa transition de genre.

On ne tient pas une société avec BFM, des flics et de lexomyl.

Frédéric Lordon, économiste apprécié pour ses élocutions à la tribune, avait lui aussi exprimé ce sentiment de lassitude sous les ovations de la foule le samedi 9 avril 2016 : «  Il y avait trop longtemps que ça craquait de toute part, on ne tient pas éternellement une société avec BFM, de la flicaille et de lexomyl. Viens fatalement un moment où les têtes se redressent et redécouvrent pour leur propre compte, l’immémorialité de l’insoumission et de l’affranchissement. Ce moment c’est le nôtre, ce moment c’est maintenant !  ». Depuis, le mouvement Nuit debout prend de l’ampleur en s’installant de plus en plus sur les places françaises et européennes. On peut déjà compter sur 89 628 signataires favorable au mouvement citoyen qui ne aspire à grandir.

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