Sourire aux lèvres et poing levé, Gracia Samo se bat contre le capitalisme, mais avant tout pour les femmes. A 46 ans, elle court les ateliers du FSM. À une heure du début de la marche internationale des femmes dont elle est la coordinatrice dans son pays, la Mozambicaine nous raconte son combat.

Par Atouma Diarra.

Elle a fait une entrée sensationnelle. Au FSM, Gracia Samo, militante féministe et anticapitaliste n’est pas passé inaperçue. Vêtue de son boubou violet, ses yeux globuleux galvanisent ceux qui l’écoutent.

Originaire du Mozambique, elle a très vite été confrontée aux inégalités. Issue d’une famille de la classe moyenne, elle fait partie des rares enfants de son village à aller à l’école.

« Je voyais des enfants qui n’allaient pas à l’école et d’autres qui y allaient sans chaussures, ils marchaient des kilomètres et des kilomètres tous les jours.»

Son père, militant, directeur d’une école primaire lui fera très tôt comprendre l’importance de l’éducation. La pauvreté et les inégalités dont souffrent ces concitoyens deviennent son moteur. Un contexte social qui la pousse à militer dans l’ONG Muleide, dédié à la cause des femmes, de la justice et du développement.

Depuis 4 ans, c’est dans son travail de coordinatrice mozambicaine au secrétariat international qu’elle livre son combat. Elle organise les mouvements féministes à travers tous le pays mais pas seulement. Elle réunit les associations féministes des cinq continents pour la marche internationale.

« Nous ne pouvons pas nous battre seule. Nous sommes différentes mais nous devons nous unir et prendre la parole. Nous battre tous ensemble contre ceux qui nous oppressent», soutient-elle.

Le viol collectif comme répression

Gracia vit toujours au Mozambique. Marquée par les violences faites aux femmes, elle se hisse en porte parole pour changer les mentalités. Elle essaie d’éveiller les consciences et poussent les femmes à refuser l’intolérable. Au Mozambique, la moitié des femmes subissent des violences physiques.

Selon un rapport datant de 2014 réalisé par Lynne Featherstone, sous-secrétaire d’État parlementaire pour le développement international, la moitié des jeunes filles seraient mariées de force. Un des taux les plus élevés dans le monde. 

Dans son pays, les hommes dominent et ont le pouvoir sur leur femme. « En tant que femme, nous devons comprendre que nous permettons le patriarcat parce que nous acceptons de le supporter. » La loi sur les violences domestiques est difficile à appliquer à cause des mentalités. En 2009, une jeune femme a été victime d’un viol collectif. La raison ? Elle avait marché sur l’une des terres d’un chef de village. En signe de répression celui-ci lui envoie 17 hommes pour la violer. Les policiers comme les médecins ont affirmé que la mère de cinq enfant était la seule responsable ! Le scandale relayé par le magazine Jeune Afrique mettait en lumière cette problématique que Gracia dénonce au quotidien.

Le capitalisme source d’inégalité

Dans sa bataille pour la liberté des femmes elle est confrontée à la lutte contre la pauvreté. Un fléau qui empêche les femmes d’accéder à l’indépendance. Elle réalise alors que les inégalités, la violence et la misère que subissent les femmes. Pour elles toutes ces injustices ont pour principale source le système capitaliste : un système organisé et imposé par des hommes.

Dans son pays comme dans le monde, patriarcat, sexisme et capitalisme sont étroitement liés à ses yeux. « Le capitalisme est à l’origine des inégalités dans le monde. Il appauvrit les pauvres mais même pour les riches il est destructeur. Il pousse à vouloir toujours plus, à s’enrichir encore et encore. C’est une spirale infernale qui épuise les peuples et les individus.»  Pour elle les crises que traversent les pays européens en sont des démonstrations. A ses yeux, le principe d’accumulation des richesses ne peut être qu’un facteur d’inégalité contre lequel elle se bat.

Pourtant convaincre que la solution serait de sortir du capitalisme reste une tache difficile. Expliquer aux femmes que leur conditions de vie résulte d’un système organisé et façonné par les hommes à leur avantage prend du temps. Le climat de peur et d’insécurité ne fait qu’accroître la difficulté.

Malgré tout, la mozambicaine reste déterminée : « Nous sommes des êtres humains, mais nous sommes avant tout des femmes, premières victimes de la violence de ce système. Alors je marcherai à la 4ème marche internationale des femmes et je continuerai à me battre jusqu’à ce toutes les femmes du monde entier soient libre ! »

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